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L'Oeil et l'Oreille
21 juin 2005

Fête de la musique 2005 [Paris]

zic4

La fenêtre ouverte. Quelle chaleur.
Je jette un dernier coup d'oeil aux quelques lignes du programme du quartier. Vague plan en tête. De toute façon c'est la soirée où je me dirige à l'ouïe. Les premiers sons de guitare saturée et de basse trop forte s'invitent déjà dans mon appart. A moi la rue !
Premiers pas vers la gauche, le vent rafraîchit un peu l'atmosphère. Une place, un groupe. L'équation de la soirée. Celui-ci, le premier, le grand classique, basse, guitares, batterie. Des compos. Les chaises et quelques tables sorties pour l'occasion, la tireuse abreuve doucement les passants. Fin du morceau, le guitariste soliste a joué son rôle et s'est lâché sur la fin du morceau, à fond sur la corde aiguë...
Applaudissements. La suite.
Une petite salle de spectacles non loin. Je rentre. Chanteur slammeur, saxo, piano. Public clairsemé, assis, passif. La musique est sympa. Je ressors. Définitivement, la fête de la musique c'est dehors, nulle part ailleurs.
Tiens, le petit carrefour de l'entrée du métro. Y'a du monde à la terrasse. Nouveau groupe de rock des plus classiques. Ah tiens des percus qui détonnent, congas et bongos...Public nombreux. Un copain du groupe vient donner ses conseils à chaque fin de morceau, "ouais plutôt comme ci les gars, là c'est pas mal, y'a trop de basse sinon"...Reprise de Gainsbourg. Aïe, ok Gainsbourg avait pas de voix sur son requiem, mais là...
Pouf pouf. Petite pause pendant deux ruelles. Je débouche sur une rue. A droite des bruits de voiture. A gauche...autre chose...Ah oui une place. Petit jazz-band, bonenfant. Les poussettes sont vides ce soir, les gamins s'emparent systématiquement des pavés et bouts de bitume libres entre les musiciens et leurs parents.
Trois p'tits tours et puis j'm'en vais. Nouvelle rue de "transition". J'entends un son de synthétiseur préenregistré, ceux de ces Bontempi sur lesquels je m'amusais dans les magasins au moment de Noël. C'est tout proche. Un son de basse également. Une vitrine sur la droite. Et...Je m'arrête...Ebaubi ! ... Dans un p'tit boui-boui bijouterie-joaillerie, les tenanciers ont sorti leurs instruments. Le clavier remplit la vitrine, le bassiste s'est casé dans l'allée. Un autre musicien derrière. Plus petit tu meurs. Et ils jouent, au milieu de nulle part. Les quelques passants qui comme moi se sont aventurés dans cette rue s'arrêtent immanquablement, applaudissent, sourient. Quelle drôle d'image. Quelle belle fête.
Fin de cette "rêverie". Nouvelle place, nouveau style. Saxo-guitare, ambiance jazzy-cosy, au milieu des tables éclairées à la bougie. Soirée tranquille.
Passage rapide sur une place aux guirlandes d'ampoules, valse musette et doulce France...
Premier grand boulevard. A gauche, une grande scène avec des artistes connus. C'est donc sans hésiter que je prends à droite. L'esprit de la fête de la musique est pour moi dans l'amateurisme. Paris perd cela de vue je trouve, c'est dommage. Heureusement de nombreuses formations perpétuent ce bel esprit. Nouveau groupe de rock, à la terrasse d'une brasserie remplie. Quarantenaires, guitare, basse, batterie, trois chanteuses. Les micros chants sont super mal réglés (ou super mauvais), mais la sauce prend quand même. J'adore.
Plus loin, un autre attroupement. Tiens, je me disais aussi...Une chorale !!! Vingtaine d'années en moyenne, le clavier et le meneur ont plus de bouteille...Axée gospel. Excellent, tout le monde a le smile. Les voix basses sont minoritaires et ont un peu de mal à se faire entendre...Mais la basse du groupe d'avant vient les aider de temps en temps, le son se propage...Classiques "Happy Day" - de circonstance -, "Oh when the saints". Gros succès.
Juste à côté, on distribue des feuilles aux passants. Les grands classiques de la chanson française populaire, accompagné par une accordéoniste chevronnée et un joueur de cithare.
Gauche ? Droite ? Demi-tour ? J'hésite devant deux chtiotes qui peinent à se faire entendre dans les bruits du boulevard. Violon et synthétiseur, les gens passent. Lieu mal choisi.
Aaaah mais voilà LE groupe de lycéens. J'me disais aussi...Habillés pour la circonstance, genre popeux-désabusé pour les guitaristes et bassistes, rasta pour le batteur. Les amplis sont branchés via des rallonges dans l'appartement d'un des papa-maman au rez-de-chaussée. Papas-mamans sont là. Indécision sur le morceau à jouer. "Nan pas ça.." "Allez..." "Nan attend...". Je passe ma route.
Petite ruelle à droite, il y a du monde au fond. Suspens, quel style ? Zut je tourne en rond, la chorale ! Demi-tour.
Je referme une partie de ma boucle. La terrasse, calme tout à l'heure, est maintenant annexée par une bande de joyeux drilles, déguisés et très expansifs. Belle aura du chanteur, beaux "Miaou" de la chanteuse, le guitariste sublime a l'ukulele, et la partie rythmique (basse-batterie) plus tranquille. Pas de prise au sérieux, c'est gai, ça bouge bien, ambiance chanson-pop-ska-reggae-funk-etc-acoustique. Un bon moment de cette soirée.
Je remonte le boulevard tranquillement. La température est très agréable maintenant. Ca chauffe par là-bas. De nouveau "Happy day", mais dans une version beaucoup plus "musclée" !! La "black connection" sur scène met le feu, enchaîne en créole. Super ambiance.
Suite dans la gaieté. Le son des cornemuses et bombardes remonte la rue. Avant de les rejoindre, je m'arrête devant un groupe de cuivres, trompettes, tuba, clarinettes, trombonnes, saxos. Super sympa, reprises de morceaux sauce jazz, parfois plus fanfaresque.
En sourdine les bretons.
Je les rejoins. Ambiance musique et danse trads. Galettes-saucisses à côté, organisation quand tu nous tiens. Il faut dire qu'on est dans le quartier.
J'oscille entre les souffleurs de cuivres et les souffleurs de peau et d'ébène. Hop, de nouveau je m'envole. Tout près de là, un joueur de vielle à roue. Quelques danseurs. Des ados singent les danseurs, peu intéressés par l'instrument aux allures ringardes. Quel bel instrument pourtant.
Je m'éloigne un peu de la transe de l'ouest...Pour gagner un autre style de transe, délivré par les rythmes africains de djembés, calebasses et chants. Envoûtant.
Dernier petit tour. Au loin là-bas j'entends un "Smell like teen spirit" indémodable. Retour vers le bagad le temps d'une scottish. Puis je me laisse attirer par une voix pleine et profonde. Jolie chanteuse, jolie voix. Reprises de PJ Harvey, Morcheeba (??)...Le bassiste est excellent, maîtrise la tapping. Je reste là, scotché par la voix. Puis je m'en vais.
J'approche de chez moi. Le premier groupe croisé joue encore. Le public chante plus fort qu'au début, les verres de bière vides sont plus nombreux aussi...
Derniers pas. Digicode. Escalier. Chez moi. Ca joue encore dehors.
Voilà une soirée de fête de la musique comme je les aime.
Voilà l'été.

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