Viva Zapatero ! [Sabina Guzzanti]

Les mots manquent. Plaqué dans le fauteuil le temps du générique, comme toutes les personnes présentes pour le film. Fait rare, la salle ne s'est pas vidée pendant le générique de fin. Chacun revient doucement de ce monde irréel. L'iréel est à notre frontière...

C'est à peine croyable, à notre époque, après ce "plus jamais ça" qui ne date que de quelques dizaines d'années. Comment l'Homme peut-il oublier si vite ? Reproduire les mêmes erreurs ?
Le fascime est là, il ne se cache même pas. Il brise tout sur son passage, toute résistance. Quelle émotion devant ce vieux journaliste italien qui pleure à l'évocation des licenciements de ses confrères jugés trop "critiques" face au gouvernement Berlusconi. Quelle mauvaise foi de tous ces gens de pouvoir, aveuglés par l'argent et leur position dominante, incapables de justifier la censure d'une simple satire, ou dissertant des heures sur le "est-ce une satire" . Afflligeant, pitoyable, inquiétant.
Ca me fait peur. La situation en Italie m'inquiète. Celle de France également. Mais j'ai l'espoir. Le film se termine sur cette magnifique scène d'espoir, ces milliers d'italiens venus protester, ou plutôt manifester leur attachement profond à la liberté d'expression, à la liberté tout court. Je garde cette image. D'espoir. D'optimisme. "La révolution commence ici" dit l'un des comédiens sur la fin. Puissions-nous aider le peuple italien dans cette "révolution" des esprits, marcher avec eux contre le fascisme. Puissent-ils nous aider à contrer le populisme inquiétant qui grimpe dangereusement chez nous, pour éviter un nouveau fiasco en 2007.
Peut-être est-ce ça l'Europe que nous voulons construire. L'Europe des peuples.
Viva Zapatero, viva la revoluçion des esprits.