Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Oeil et l'Oreille
11 octobre 2004

Dan Ar Braz [La Cigale - Paris]

Zic3

Le Quimperois à Paris. Il parle beaucoup. Pour faire passer son trac dit-il.
S'installe petit à petit entre les pipes de Ronan le Bars, la basse lancinante de "Marcello", les claviers, le batteur et un autre guitariste. Profite du micro pour donner sa vision de la vie, de ceux qu'on oublie sur les trottoirs de nos villes, de ceux qui ne respectent pas la vie, la leur, celle de leurs enfants, de la Bretagne, beaucoup, encore, toujours.

1974. Dans l'estafette avec Stivell, première rencontre avec Rory. L'hymne à Rory Gallagher voit s'envoler la guitare lyrique de Dan, accompagnée par le uillean pipe. "J'espère qu'il nous entend". 1976. Fairport Convention. La surprise de se retrouver dans un tel groupe. "L'exil" en Angleterre, près d'Oxford. C'est lorsque l'on est loin de chez soi que l'on prend conscience des choses. Premières compositions. Dont ces sublimes Orgies Nocturnes ("on est dans le quartier", sourit Ronan le Bars), gavotte très marquée rythmiquement mais si entraînante. "A silent sea round Inishfree bay"...Left in Peace, suivi de la Duchesse facétieuse. La salle joue des mains pour accompagner Dan le discret. Il se risque au chant, au jeu avec le public, première tentative infructueuse sur cette reprise d'une chanson d'amour accompagnée par le violon chinois, la guitare répond au public silencieux..."Borders of Salt...Borders of sand..." Où comment le talent de ce musicien parvient à faire oublier les bagadoù habituellement associés à ce morceau et aux autres, héritage difficile à dépasser. Pourtant, il y parvient, avec brio, laissant d'abord le pipe installer cette sonorité rappelant les thèmes majeurs de l'univers de Dan : la mer, la terre, la Bretagne, l'Homme, le cri contre l'injustice, la haine, la violence, la fierté de sa région. Il le laisse s'installer. L'accompagne, puis le seconde, sa guitare dirige alors les autres musiciens et acquiert une force d'expression sublime, emplit l'espace, crache son essence. Incroyable de parvenir à cette prouesse. Les doigts courent sur le manche, parfois sans la main droite, toujours avec précision et lyrisme. "Amis de Paris, kenavo !". On sent l'homme ému, voire paralysé par le trac, le public n'a pas répondu à deux chansons où les instruments murmuraient pour lui laisser la place. Dur.
Retour. La route vers l'ouest, de Clarisse Lavenant, "celle que l'on va reprendre demain...On est toujours heureux quand on reprend cette route...Et je me demande toujours s'il en est de même sur la route vers l'Est, celle qui mène vers Paris...". Puis, l'inaltérable Green Lands, sur lequel se sont greffées quelques paroles, "pour éviter que le morceau ne soit récupéré, qu'il nous échappe, c'est arrivé à certains..." Mélodie imparable, reprise cette fois par le public clairsemé de la Cigale. Là encore, la guitare se joue d'un bagad et inonde la salle en même temps que la cornemuse. Dernières notes, final. Les musiciens saluent, Ronan le Bars présente "Monsieur Dan Ar Braz", la salle est debout. Dan sourit. "Ca va mieux maintenant". Paris réussi. "On a toujours envie de bien faire, de donner ce qu'on a de mieux, qu'on soit à Clermont-Ferrand, à Brest, à Paris, ou...à Pont l'Abbé !" Pas tout à fait rassuré...Nouveau salut.
Green Lands retentit de nouveau dans les coeurs de la Cigale. Retour enfin détendu, pour un nouveau morceau écrit par Jean-Jacques Goldman. Enchaînement  avec The Broken Prayer, pour un final en couleur.
Merci bras.
Bravo l'artiste.

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité